La balistique
Le travail de la balistique consiste à déterminer :
- la nature de l'arme qui a causé une blessure, voire la mort,
- le nombre de coups de feu tirés,
- la direction et la distance de tir.
Il s'agit d'analyses qui ne peuvent se passer de l'expérimentation.
Quelle arme pour telle balle ?
La première question que l'on se pose, quand on est en possession d'un suspect armé et d'une balle trouvée sur les lieux du crime, est de savoir si elles sont compatibles. Pour cela, il faut regarder les sillons et les stries visibles sur la surface de la balle. Ils sont caractéristiques de l'arme utilisée car ils sont les marques, en négatif, de la morphologie du canon de l'arme.
Pour s'assurer de la corrélation arme-balle, un expert effectue un tir expérimental en laboratoire. Ensuite, il compare, au microscope, les différents types de trace. Lorsque l'on ne dispose d'aucun indice au sujet de l'arme utilisée, on peut comparer les résultats obtenus à partir de la collection d'armes et de munitions de référence dont sont dotés les départements de balistique de la police.
Reconstituer une trajectoire
de tir
Une trajectoire de balle dépend de la direction et de la distance de tir. La direction s'observe également de façon expérimentale, alors que la trajectoire peut être renseignée à partir d'une radiographie du corps de la victime.
En effet, la trajectoire est nettement observable, et on la comprend mieux encore en observant les plaies d'entrée et de sortie du projectile sur le corps.
Possible aussi d'évaluer la distance séparant le criminel et sa victime lors du tir en étudiant les plaies, présentant des grains et des paillettes de poudre plus ou moins gros, caractéristiques de cet éloignement. Ensuite les résultats sont confirmés, ou non, par des tirs expérimentaux menés en laboratoire.
Tenter de tout comprendre des armes à feu et des conditions du tir meurtrier est un travail qui est, généralement, mené en parallèle d'autres investigations. Finalement, toutes les techniques employées par la police scientifique sont complémentaires.
En matière de balistique on distingue :
- La balistique intérieure et la balistique de bouche
- La balistique extérieure
- La balistique finale
A/ La balistique intérieure
Elle concerne une arme rayée ou lisse, dès le départ du coup. Elle se déroule entre la percussion de la cartouche et la sortie du canon du projectile où il s’écoule environ 5 millièmes de seconde. Cette phase va induire des modifications tout d’abord de la cartouche, de l’étui au cours de laquelle la douille va prendre la forme intime de la chambre et de la tête de culasse. Ensuite la balle va s’imprimer des rayures du canon, qui sont, rappelons le, destinées à donner à celle-ci une trajectoire hélicoïdale permettant d’induire la stabilité gyroscopique dans l’air, et d’accroître la portée, la puissance de perforation du projectile et d’améliorer la précision du tir.
L’identification de l’arme mise en cause dans un crime ou un délit, à partir de divers éléments matériels tels que étuis, douilles et balles retrouvés sur la scène de l’infraction, constitue la préoccupation majeure des balisticiens. En effet ce sont les modifications ou traces laissées sur ces éléments, quand on les retrouve, qui permettent de remonter à l’arme ou type d’arme utilisés par le ou les criminels.
Tout d’abord, l’impression de la rayure du canon sur la balle dépendra de l’état d’usure ou de modification de ce dernier. L’examen de cette balle récupérée sur le terrain ou dans le corps de la victime va conduire à une première signature de l’arme. Ensuite quand on aura récupéré l’étui et la douille, un examen de ces derniers fournira un second élément de signature : traces de l’extracteur, de l’éjecteur unique à l’arme. En effet celles-ci dépendent du mode de fabrication et des dimensions de cette arme, en particulier de l’usure du mandrin ou de l’outil qui a servi à fabriquer l’arme. Plus particulièrement, le canon issu d’un même barreau montre des traces variables sur toute sa longueur, notamment dues à l’usure de l’outil qui a affecté le rayon du mandrin sur lequel est forgé ce canon, ce qui contribue à la signature de l’arme et permet d’affirmer qu’il s’agit bien d’une arme spécifique et non d’une arme similaire ayant un numéro de série voisin. De plus dans le canon, les projectiles vont prendre des traces particulières selon qu’ils sont sous-calibrés ou sur-calibrés. Toutes ces constatations ne peuvent se faire que sur un canon rayé, car dans le cas d’un canon lisse, la balle tirée n’aura aucun stigmate exploitable. En revanche dans une arme de chasse, où le canon est lisse, les douilles auront des traces caractéristiques, susceptibles d’être exploitées.
La balistique de bouche peut fournir des éléments d’identification tout à fait pertinents. En effet selon que la bouche de l’arme à la sortie du canon est plus ou moins évasée, la balle laissera des traces particulières. Dans une arme à canon lisse on aura des concentrations de métaux plus ou moins importantes suivant que le canon sera choqué ou non choqué, facteur qui affectera la portée d’une gerbe de plomb, dans le cas, par exemple, d’un fusil de chasse. Par ailleurs, les projectiles sortant de la bouche, engendrent des projections diverses : suie, poudre imbrûlée, bourre pour les armes lisses, etc… qui sont autant de traces qui vont permettre par la suite, de déterminer une distance de tir.
B/ La balistique extérieure
Ce type de balistique concerne le comportement des projectiles, qui au cours de leur trajectoire vont être freinés par l’air, la pesanteur, la pluie, la neige, l’humidité et d’une manière générale par les milieux qu’ils vont traverser. La portée de ces projectiles peut être de plusieurs kilomètres. En effet, une balle tirée avec une arme à canon rayé va pouvoir parcourir une telle distance, comme le permettent certains calibres (magnum et projectiles de snippers). D’une manière générale, ces projectiles vont être perturbés dans leur course en fonction du milieu qu’ils survolent : désert, milieu humide, terrain caillouteux…, phénomène bien connu dans le domaine de l’aéronautique. Dans ces conditions, les tables utilisées en matière de calcul de trajectoire de tir peuvent être faussées. Ceci n’est intéressant à considérer qu’en matière de tir à grande distance, ce qui est rarement le cas concernant la police scientifique. En effet au sein du LPS, on travaille généralement sur des distances de tir relativement courtes, sauf quand on doit établir des trajectoires de tir dans les cas, par exemple, où sont utilisés des matériels performants comme fusil à visée laser pour tirer, par exemple, sur des véhicules ou des habitations. En effet, dans cette éventualité, la détermination précise de l’origine du tir, connaissant le type de projectile et de cartouche, constitue un élément important pour les enquêtes.
Dans le cas d’une arme à canon rayé, la balle va être animée d’un mouvement de rotation, initié à l’intérieur de ce canon, qui va être de plusieurs milliers de tours par seconde. Le mouvement va, nous l’avons déjà mentionné, conférer au projectile sa stabilité gyroscopique. Néanmoins la trajectoire de cette balle va être perturbée par différents phénomènes (mutation, phénomène de spirale) si bien que ce projectile va être dérouté de sa trajectoire rectiligne. Ces phénomènes s’observent généralement sur de grandes distances.
C /La balistique finale.
Elle concerne le moment où la balle atteint sa cible.
Pour que son efficacité soit maximale, il faut que le projectile délivre le maximum d’énergie dans le minimum de temps et de trajet. Autrement dit la gravité d’une blessure dépend non seulement du siège de l’impact mais encore de la quantité d’énergie perdue dans les tissus et non de la quantité d’énergie transportée. A partir du moment où une balle va traverser un tissu vivant sans se déformer et sans y abandonner son énergie, la cible ne subira qu’une blessure légère, sauf si la zone touchée est une zone vitale. Ce constat n’est valable que quand la vitesse du projectile au moment de l’impact n’est pas excessive. La situation s’avère différente avec des fusils d’assaut pour lesquels l’extrême vitesse du projectile engendre d’énormes traumatismes. Dans le cas des fusils de chasse, le projectile, animé d’une faible vitesse, va se déformer au contact de la cible et céder rapidement son énergie cinétique, causant ainsi des blessures très vulnérantes. Concourent à cet effet, la forme, la masse et la puissance de la balle. Par ailleurs la vétusté de la cartouche peut aussi apporter des renseignements intéressants. En effet, à cet égard, nous pouvons citer un exemple où un individu, sur une scène de crime avait tiré sur deux personnes en utilisant des munitions antérieures à 1935. L’amorce contenant du mercure n’avait pu déclencher l’inflammation de la charge propulsive, laissant ainsi la balle à l’intérieur du canon.
Vocabulaire :
Hélicoïdale : déplacement hélycoïdale :déplacement dans l’espace, composé d’une rotation autour d’un axe (axe du déplacement), et d’une translation dont le vecteur à la même direction que l’axe.
Gyroscopique : qui est équipée d’un gyroscope : appareil qui fournit une direction invariable de référence, grâce à la rotation rapide d’une lourde masse autour d’un axe possédant un ou deux degrés de liberté par rapport au boitier de l’instrument.
Mandrin : appareil qui se fixe sur une machine-outil ou sur un outil portatif, et qui permet de serrer l’élément tournant et d’assurer son entraînement en rotation.
Choqué : subi un choque
Bourre : tampon de calage d’une charge explosive, par exemple, dans une cartouche.